Carnet de route : récits et photos

Le Laos

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Pour bien décoder cette page : 1 Euro = 13 000 Kip. Bonne lecture !


Samedi 25 décembre 2004

Lever à 6h pour aller à la gare routière : pas de bus pour la frontière ! un seul bus par semaine : le dimanche. Ce n’est pas possible pour nous d’attendre demain car notre visa vietnamien expire aujourd'hui ! On retourne à notre hôtel : le gérant nous propose de nous trouver un bus pour la frontière pour 100 000 Dongs chacun : ok, on n’a pas le choix de toute façon. 20 minutes plus tard arrive un mini-bus. On demande au chauffeur s’il va bien à Cau Treo, ville frontière : apparemment oui. Après 1h30 de route, il s’arrête en pleine campagne : il vient nous réclamer 100 000 Dongs chacun pour aller à la frontière (soi disant l’hôtel ne lui aurait donne que 40 000 Dongs) ; on n’y croit pas ! On sentait l’arnaque dès le début avec cet hôtel… Bien sûr on ne paie rien du tout. Le chauffeur s’arrête au terminus, à 30 kilomètres de la frontière, tous les passagers descendent… On s’énerve un peu mais c’est sûr qu’il n’ira pas plus loin ! Un autre mini-bus nous propose de nous emmener au Laos pour 80 000 Dongs chacun (impossible de négocier : il doit sentir qu’on a absolument besoin de quitter le pays). Lui c’est sûr on ne le paiera qu’à l’arrivée (ce qu’on fait toujours d’habitude bien sûr, sauf avec cet hôtel ce matin qui nous a bien embrouillés). Nous voilà partis. Passage de la frontière vietnamienne : les douaniers nous réclament un dollar chacun pour le tampon mis sur le passeport !!! On demande un reçu, rien ! ils ne veulent pas nous rendre nos passeports… On est obligé de payer. c’est la première fois que cela nous arrive à un poste frontière ; jusque là, tout s’était fait dans les règles. On change ce qu’il nous reste de Dong : 9 millions de Dongs = 5 500 000 Lao Kip (soit 450 Euros ; 1 Euro = 13 000 Kip) et on se retrouve avec une énorme pile de billets car la plus grosse coupure est de 20 000 Kips. Cote Laos, on passe la frontière sans encombre : ici aussi il faut payer un dollar mais un papier « officiel » explique que le samedi et dimanche, jours non travaillés, il faut payer ce supplément. Notre mini-bus nous dépose à Lak Sao, au Laos, sans encombre. On choisit notre guest house dans cette petite ville car il n’y a plus de bus pour aller à Ventiane, la capitale. Après midi et soirée bien agréables : les laotiens nous paraissent très sympas.


Dimanche 26 décembre 2004

Lever à 4h15. Nous partons à pied à la gare routière : il fait nuit noire. Notre bus pour Ventiane part à 5h. La route est splendide : des montagnes pleines de forêts, des pics rocheux, des maisons en bois sur pilotis… Peu d’habitations globalement. On arrive à Ventiane après 9h de bus (45 000 Kips par personne), un changement de roue, quelques ennuis mécaniques, mais on finit par arriver ! Négociation d’un touk-touk pour le centre ville et nous choisissons la Mixoc Guest House (45 000 Kip la nuit) proche du Mékong. La ville est d’un calme surprenant (surtout lorsqu’on compare aux autres capitales que nous avons traversées). Aude retrouve ses repères : elle était déjà venue au Laos il y a 3 ans avec 2 amies. Balade dans le quartier, le long du Mékong… On se sent bien dans cette ville sans klaxon. On trouve ici beaucoup de traces de la présence française : ancienne maison coloniale, boulangeries, restaurants français. On s’offre enfin notre dîner de Noël avec un peu de retard : on s’autorise même un pichet de vin rouge, le premier depuis notre départ.


Lundi 27 décembre 2004

Bonne fête Yann ! Nous partons au grand marche de la ville : le Talat Sao, un dédale de petits magasins… On s’y perd ! Puis déjeuner dans un petit restaurant local et nous partons visiter les différents temples et monastères de la ville : il y en a à tous les coins de rues ! On voit aussi beaucoup de moines dans la ville, avec leur tenue orange vif. Visite du Vat Si Saket avec ses nombreuses statues de Bouddha : splendide. Puis en face, le Vat Haw Pha Kaew, ancien palais royal. A 17h, on s’octroie une pause bière en plein air au bord du Mékong : le coucher de soleil est splendide, on est bien.


Mardi 28 décembre 2004

On part acheter une baguette et 2 yaourts : nous dégustons tout cela sur la place centrale de la ville. Nous allons retirer de l’argent sur notre carte bleue à la Lao Development Bank (4% de commission : c’est toujours mieux qu’au distributeur qui n’autorise que 700 000 Kips soit environ 60 Euros). Puis direction le marché pour acheter une pipe à opium que nous avions repérée hier, on flâne dans les différentes allées. On se renseigne sur les horaires du bus pour Vang Vien (notre prochaine étape) avant de prendre un touk-touk pour le monastère Vat That Luang. C’est le monument national le plus important du Laos, symbole du bouddhisme et de la souveraineté du pays. On re-traverse toute la ville à pied pour aller déjeuner sur les bords du Mékong. L’après midi est occupée à flâner dans la ville, toujours aussi calme et paisible. En fin d’après midi à nouveau une bière en bord de rivière.


Mercredi 29 décembre 2004

On se lève à 6h afin de prendre le bus pour Vang Vieng. Peu de monde au départ, 2 autres touristes et le couloir qui sert à entreposer les marchandises. A 7h nous partons. Route rectiligne au début, avant de devenir sinueuse à la fin. On met 3h30 pour couvrir les 160km. Le bus nous dépose sur le tarmac d’une ancienne piste d’aérodrome construite par les américains (qui aurait aussi servi pour transporter de la drogue, la région produisant de l’opium). Beaucoup de guesthouses dans cette ville de 30 000 habitants, célèbre pour ses nombreuses grottes alentours et la rivière Nam Song. On choisit la Amphone Guesthouse (3dollars la chambre). Promenade dans la ville : magasins de location de vélos, petites épiceries, restaurants tous identiques… aucun charme ! On déjeune à l’Organic Farm Café : un régal ! Ils utilisent les produits bio provenant de leur ferme située à 4km du village. l’après-midi, sieste. On profite à 17h des derniers rayons du soleil sur la terrasse d’un bar au bord de la rivière.


Jeudi 30 décembre 2004

Nous partons, pique-nique dans le sac à dos, à pied pour découvrir les grottes alentours. Les paysages sont splendides avec ces montagnes de roches saillantes, ces forêts denses faites de grands arbres… Un bonheur. On se repose à la grotte Tham Phu Kham, au pied de laquelle se trouve un ruisseau turquoise. On reprend notre route vers 13h, un léger souffle d’air rend le temps et la chaleur moins suffocante. Visite des villages aux maisons typiques faites de palmes séchées tressées, montées sur pilotis. Les enfants nous accueillent par des “sabaadée” (ce qui signifie bonjour) tonitruants, c’est génial ! On rentre vers 17h après avoir parcouru au moins 20km dans la journée et visite une dernière grotte permettant d’avoir une belle vue sur la vallée et les rizières alentour.


Vendredi 31 décembre 2004

Ce matin on a décidé de louer des vélos. Avant de partir visiter les environs on se renseigne sur les horaires de bus pour Phonsavan; le bus public est à 9h30 pour 55 000 kips par personne. On réserve 2 places puis nous repartons sur les chemins à l’ouest, de l’autre côté de la rivière. On visite une première grotte perchée au sommet d’une montagne (les rocher saillants ne facilitent pas l’ascension). Toutes les grottes de la région ont été utilisées par les habitants pour se cacher pendant les bombardements américains. Puis on se promène au gré des chemins passant près des rizières asséchées (la dernière récolte a eu lieu en septembre), des forets denses, des champs de fleurs bleues... C’est toujours aussi beau et agréable. On ne croise pas de touristes, seulement des laos allant à pied, à vélo ou à moto pour les plus riches et toujours les motoculteurs équipés d’une remorque qui servent de transport public. On rentre à 16h dans notre hôtel. A 18h30 nous partons prendre l’apéritif dans un bar proposant de visionner un DVD : la 25ème heure de Spike Lee. A 21h nous allons dîner dans notre "cantine" (l’Organic Farm Café). A 22h30 nous sommes de retour dans notre chambre, on veille en attendant minuit... Aucune envie de se joindre aux bars bruyants du quartier pour ce réveillon.


Samedi 1er janvier 2005

Bonne Année !! Pas de repos pour ce premier jour de l’année, on prend le bus pour Phonsavan au nord-est, celui-ci vient de Ventiane. Il arrive à 9h40, déjà bien plein mais on nous trouve 2 places au fond. Nous voilà partis pour 6h de route (avec une pause vers 11h30) ; paysages variés faits de forêts denses au début pour finir sur une forêt plus éparse de type méditerranéen (pins). Et que de virages ! Cela s'enchaîne à un rythme rapide, lacets, courbes, épingles à cheveux... On bouge dans tous les sens ; il faut gravir des collines pour les redescendre, en gravir d’autres... Une succession de montagnes. On arrive à Phonsavan vers 16h. Nous prenons un tuk-tuk pour la Kong Kea Guesthouse (chambre à 3dollars). Il fait frais et on s’installe devant les feux allumés dans 2 cheminées improvisées : des demi-cylindres constituants une bombe. Et oui, la région a été très lourdement bombardée entre 1960 et 1970 par les américains alors en guerre au Vietnam (jusqu’à une bombe toutes les 8 minutes est tombée sur la région). Du coup on trouve de nombreuses traces de ces explosifs : sous forme décorative pour servir de bac à fleurs, de mangeoire pour cochons mais aussi malheureusement sous forme réelle puisque nombres de champs sont encore "infectés" par de mini-bombes prêtes à exploser, créant un véritable danger pour la population (plus de 100 morts l’année dernière dans la zone). On se réchauffe tout en buvant un thé et discutant sur le programme possible pour visiter les environs et notamment la fameuse Plaine des Jarres. On forme avec 4 autres touristes un groupe pour demain. Dîner vers 19h après avoir visionner un reportage sur l’action d’une organisation humanitaire de déminage dans la région : impressionnant. On dort dans nos sacs de couchage car il fait très froid !


Dimanche 2 janvier 2005

Il a fait froid cette nuit, dur dur de quitter la chaleur de nos sacs ! On se lève à 7h20. Petit déjeuner près du feu et nous partons à 8h30 en minibus avec un chauffeur, un allemand, un couple d’américains et une canadienne. Première visite du matin : les traces de bombardements dans un champ. d’énormes cratères, certains d’au moins 5 mètres de diamètre et 2 mètres de profondeur ! On trouve même une bombe inexplosée, de la taille d’une boule de pétanque; heureusement elle est mise en évidence par un cercle rouge (en attendant une équipe de déminage) . Cela ressemble à un petit jouet et on comprend pourquoi les enfants sont parfois mutilés (malgré toutes les campagnes de prévention dans les écoles). Nous quittons ce champ pour nous rendre dans un village Hmong un peu reculé. Là, ils utilisent les débris de bombes comme mangeoires, bac à fleur, plate-bande, pilier de maison... "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme", Lavoisier. Les jeunes du village sont regroupés : les filles d’un côté en habit traditionnels, les hommes en tenue normale, face à face, ils s’envoient une balle de tennis ! Apparemment c’est un moyen de se choisir entre mari et femme !! surprenant ce petit jeu qui dure toute la matinée, tous les samedis et dimanches. Dès qu’on traverse un village c’est le même scénario : des jeunes en train de se lancer des balles et de chanter... L’après-midi nous allons visiter la Plaine des Jarres. La ville de Phonsavan est surtout connue pour cela. La plupart des touristes font l’aller-retour en avion depuis la capitale dans la journée pour venir admirer ces jarres. Personne ne sait pourquoi ni comment elles sont arrivées la. Ce sont des jarres en pierre pouvant atteindre 2 mètres de haut. Elles pourraient dater d’il y a 20 000 ans d’après les premières conclusions des archéologues qui travaillent sur le site. C’est impressionnant : on se demande quelle utilité elles ont pu avoir, pourquoi à un moment donné dans cette région des gens ont taillé ces énormes jarres. Dans la région il y a 3 principaux sites de jarres à visiter. Nous en visitons 2 (le 1 et le 3 où les jarres sont moins nombreuses mais disposées dans un cadre magnifique sur une colline qui surplombe les rizières). Tous ces sites sont truffés de traces de bombes : mais pourquoi les US ont-ils bombardés ces lieux inhabités ? De retour dans notre hôtel, nous allons dîner. Une coupure d’électricité dans un quartier de la ville nous oblige à aller dans un restaurant ailleurs.


Lundi 3 janvier 2005

Nous prenons le bus de 8h30 pour Luang Prabang. Il est plein avant tout de marchandises... Sous chaque siège des cartons : pas très pratique pour poser les pieds ! Plusieurs fois en route le bus cale... Ce qui nous oblige à faire quelques arrêts pour réparer. On arrive à Luang Prabang à 16h30 après 8 h de bus un peu fatigantes tout de même. On prend notre temps pour trouver une chambre sur les bords du Mekong : ici pas de chambre à moins de 7 ou 8 dollars. On trouve finalement une chambre après s'être heurtés plusieurs fois à des hôtels pleins... Ici on sent qu’il y a beaucoup beaucoup de touristes. Promenade au hasard des rues de la ville, des restaurants, des boulangeries, des magasins de tissus et d’étoles. La ville figure au Patrimoine Mondial de l’Unesco pour ses nombreux temples très bien entretenus et ses anciennes maisons coloniales françaises. C’est calme mais un peu trop "arrangé" au goût des touristes occidentaux pour nous.


Mardi 4 janvier 2005

Ce matin on a décidé de changer d’hôtel , le notre étant trop bruyant. Apres un petit déjeuner occidental dans l’une des nombreuses boulangeries, on dépose notre linge à laver chez un particulier puis arpentons les différentes rues à la recherche d’une guest house offrant un bon rapport qualite-prix. On choisit la Vilay Guesthouse qui pour 8 dollars offre chambre avec salle de bain dans une cour au calme. On part visiter la ville en commençant par le marché Talat : il n’existe plus et a déménagé à quelques kilomètres de la ville : comme à Vang Vieng, on a l’impression qu’ils veulent créer une pseudo nouvelle ville un peu plus loin pour réserver le cadre superbe de la vieille ville et des temples aux touristes... dommage. On parcourt les rues... Yann profite d’un coiffeur pour retailler son cheveu (20 000 kips tout de même pour un coup de tondeuse : ce ne doit pas être le prix pour les Laos). Notre parcours nous amène au bout de la ville ou se croisent le Mekong et la rivière Nam Khan. Comme le niveau des eaux est bas les Laos en profitent pour cultiver sur les berges qui ont pris une couleur verte au lieu du marron. Déjeuner d’un bol de riz et légumes. Visite du temple Xieng Thong construit au 16eme siècle, constitué de plusieurs bâtiments, tous très richement décorés ; c’est l’un des plus grands et plus beaux de Luang Prabang. On discute avec un jeune futur moine au temple Sirimung Khun; il a 17 ans et sera moine à 20 ans. Dans ce temple ils sont 10 novices et 2 moines. Leur journée est occupée par une prière à 4h et une à 17h, des cours à l’école des moines la journée. On a droit à une séance de tambour en raison de la pleine lune. On s’autorise une pause dans la librairie l’Etranger où on en profite pour renouveler nos lectures. A 18h nous sommes à la Croix Rouge pour une séance relaxation. Bain de vapeur dans une petite salle, hommes et femmes séparés : beaucoup de locaux sont là. Cela fait du bien et en plus on a droit à un thé aux pauses. Puis nous nous faisons masser le corps : massage aux huiles chacun dans une pièce. Nous en ressortons vers 19h30, tous détendus et contents. Il fait déjà nuit, le marché de nuit est installé avec sa série de vendeurs proposant tous la même chose : tissus, coussins, pantalons, T shirts Beer Lao. On dîne dans l’une des gargotes installées dehors : un poisson grillé pour Yann, poulet grillé pour Aude accompagné de riz et légumes au choix le tout pour 40 000 kips, excellent.


Mercredi 5 janvier 2005

On a RDV à 8h devant une agence pour partir aux grottes de Pak Ou (situées à 27km au nord sur le Mekong). A 8h10 un tuk tuk nous prend et nous effectuons le tour des quelques guesthouses pour prendre d’autres passagers. On sera 13. A 8h30 nous embarquons sur un bateau : bas sur l’eau, très étroit et avec la cabine de pilotage devant. Le courant est puissant sur ce fleuve Mekong ! Première pause dans un village fabricant des articles faits à base de papier mâché, puis seconde pause au village Ban Xang Hai où les villageois fabriquent de l’alcool. Enfin vers 11h30 nous atteignons la grotte Pak Ou ; dans la grotte principale, la Tham Ting, sont entreposés plus de 1000 bouddhas. La grotte Tham Phum plus en hauteur et plus profonde a aussi quelques bouddhas. C’est un lieu de culte pour les Laos. Le trajet retour s’effectue rapidement en évitant les nombreux pièges de la rivière (forts courants, rochers). A l’aller nous avons vu passer quelques speed boat qui permettent en 6 heures de rejoindre Huay Xai à la frontière thaïlandaise. Nous arrivons à 13h à Luang Prabang. Déjeuner puis visite du musée du Palais Royal. Construit en 1904, il fut le lieu de résidence du roi Sisavang jusqu’en 1979. On peut y découvrir les différentes pièces où vivait la famille royale. Aude devient pendant quelques temps GO en aidant une Lao à écrire le programme d’une excursion a la journée sur son tableau d’affichage (on aura droit à une part de gâteau en remerciement). A 16h30 nous allons au temple Chomsi, perché sur une colline surplombant la ville et le Mekong. Il y a déjà des touristes qui attendent le coucher de soleil. A 17h30 c’est une véritable cohue. Dîner sur le marché.


Jeudi 6 janvier 2005

Nous avons rendez-vous à 8h20 pour prendre un bateau pour Nong Khiaw. A 8h30 nous partons, nous sommes 5. Le temps est brumeux. Arrêt auprès d’une péniche pour faire le plein. Puis nous repassons devant la grotte Pak Ou avant de quitter le Mekong pour la Nam Ou. Cette rivière est beaucoup plus étroite, plus escarpée, dangereuse pour la navigation surtout que le niveau de l’eau n’est pas très élevé. D’ailleurs vers 13h, nous sommes contraint à nous arrêter : l’hélice a touché. Le fils du capitaine est quitte pour limer les hélices. Cette pause permet de nous réchauffer un peu au soleil car il fait frais sur l’eau. On repart en traversant des paysages toujours aussi magnifiques, rochers au milieu de l’eau, montagnes... c’est beau ! Notre capitaine maintient une allure toujours aussi vive malgré les rapides, zigzagant entre les rochers, évitant les fonds trop faibles, arbustes et bambous. Tout d’un coup un grand bruit et l’allure qui diminue : on a touché un rocher ! Ces bateaux sont longs et la cabine étant à l’avant, éviter un obstacle devant ne permet pas de l’éviter derrière. Heureusement nous sommes près de la berge et nous nous approchons alors que le courant est très puissant à cet endroit. On descend, il fait chaud. Cette fois-ci l’incident est plus grave : l’arbre de l’hélice est tordue et l’hélice elle-même est très abîmée. Ils changent l’arbre, effectuent un essai avec une hélice neuve. Pas de chance : l’eau est peu profonde, l’hélice se casse cette fois-ci. Du coup, nouveau changement d’hélice (pour cela il faut de nouveau enlever l’arbre) pour mettre une hélice abîmée, un peu relimée. Bref cet incident nous immobilise pendant une grosse heure, nous n’avons plus droit à l’erreur. On profite des couleurs du coucher de soleil, c’est magnifique. On arrive à Nong Khiaw à 17h15 juste avant la nuit. On traverse le pont et on choisit la Bamboo Guesthouse (2 dollars la nuit). Nous sommes dans un bungalow en bambou tressé avec un matelas posé par terre.


Vendredi 7 janvier 2005

Nous pensons nous rendre au village de Muang Ngoi Neua, plus à l’est, avec l’unique bateau de la journée à 11h. Mais le départ est un peu précipité car la propriétaire de notre hôtel nous dit que le bateau est à 8h. On part vite à l’embarcadère : finalement le premier bateau est bien à 11h : notre première information était donc la bonne. Nous allons prendre un petit-déjeuner en attendant. à 11h, le bateau part : nous sommes chargés à bloc, de l’eau s’infiltre par endroits, la rivière est toujours aussi peu profonde, les rochers aussi présents, nous arrivons à Muang Ngoi Neua après une heure de bateau pas du tout confortable. Ce petit village n’est accessible qu’en bateau sur la rivière Nam Ou. Il doit y avoir 30 maisons dont 15 transformées en hôtels. Ici toutes les constructions sont en bois, il y a de l’électricité le soir seulement, pas d’eau chaude, et beaucoup de rats partout... D’ailleurs les habitants les mangent ! Nous nous installons à Banana Café Guesthouse (1 dollar la nuit) dans un bungalow sur pilotis avec vue sur la rivière, face à la montagne de l’autre côté. On explore le village, son monastère... Rien à faire ici si ce n’est observer la vie des habitants... On se renseigne au bureau des guides officiels sur les possibilités de balade dans les alentours. Ils nous indiquent quelques villages dans lesquels on peut aller seuls. Pause jus de fruit fraîchement pressé dans la rue principale, puis dîner dans notre guesthouse où la "mama" (c'est comme ça qu’on appelle la mère de la famille dans laquelle on loge) nous encourage vivement à commander du poisson car elle en a un gros en ce moment.


Samedi 8 janvier 2005

Pas de pain au petit-déjeuner car il n’y en a plus (mama doit se rendre demain à Luang Prabang, une heure de bateau plus 4 heures de bus pour en acheter). Nous réussissons à nous constituer un pique-nique et nous partons marcher en direction des villages qu’on nous a indiqués. A peine partis, il nous faut déjà déchausser pour traverser une petite rivière. Une, deux, trois fois en 20 minutes... On n’est plutôt sur le chemin des bêtes. On retrouve enfin le sentier principal. On traverse des rizières asséchées, on passe entre les montagnes, on croise quelques villageois et des troupeaux de buffles domestiques. Il faut traverser plusieurs fois une petite rivière, soit en déchaussant soit en passant en équilibre sur les pierres posées. On arrive après 2h de marche dans un village : une vingtaine de grandes maisons en bois, des gamins, des poules, des canards... Personne ne fait attention à nous, c’est parfait. On part pique-niquer un peu plus loin dans les rizières. Vers 14h, nous retraversons ce village et prenons le chemin du retour. Avant de rentrer nous nous arrêtons pour visiter une grotte, celle dans laquelle les habitants se sont cachés pendant la guerre. De retour chez nous, nous nous arrêtons dans la rue devant un spectacle étonnant : une petite fille est en train de retirer les poils de 5 rats morts pour les préparer à manger... Hmm ! on n'aura pas l’occasion de goûter cette viande. Nous achetons des galettes de riz qu’une femme est en train de faire frire dans la rue.


Dimanche 9 janvier 2005

Réveil très matinal car ici les coqs commencent à chanter vers 4h et ils sont nombreux dans le village ! On a droit à des bracelets en cadeau et aux prières de nos hôtes (un bracelet pour nous souhaiter bonne chance en bateau, pas très rassurant, et un autre pour qu’on ait beaucoup d’enfants). Nous prenons le bateau à 9h30 pour Nong Khiaw. Toujours aussi chargé. On enchaîne à l’arrière d’un camion pour aller à Udomxai (d'où nous partirons plus à l’ouest en direction de la Thaïlande). Le trajet s'avère plus long que prévu : nous passons la nuit à Udomxai, ville sans âme où on sent largement l’influence chinoise. Le seul intérêt est le monastère qui se trouve sur la colline où nous passons une heure à discuter avec un jeune moine. Nous dînons dans notre hôtel avec un américain qui a fait le trajet avec nous.


Lundi 10 janvier 2005

Nous prenons le bus de 8h pour Luang Nam Tha plus à l’ouest. On devait mettre 4h, nous en mettrons 6 car la courroie de distribution du mini-van a cassé ! Notre chauffeur est obligé de retourner à Udomxai pour en acheter une nouvelle et la changer ! Nous passons 2 heures à attendre au bord de la route. A Luang Nam Tha, nous prenons le dernier camion pour Muang Si (15 000 Kips). Il est déjà chargé de sacs de riz, nous trouvons une place. Nous sommes jusqu’à 18 ou 20 dedans pour effectuer les 2 heures de trajet (dont 20 minutes de pause pour changer un pneu crevé). Les routes sont très sinueuses, on traverse les montagnes pour arriver sur un immense plateau : les femmes sont en train de re-piquer le riz, cela donne une couleur vert vif au paysage, c’est magnifique. A Muang Si, nous négocions un tuk-tuk pour aller 8 kilomètres plus loin dans la Adima Guesthouse. On arrive dans ce havre de paix : des bungalows au milieu des rizières pour 5 dollars la nuit. La frontière chinoise n’est qu’à 2 kilomètres. Nous profitons de notre terrasse pour admirer le coucher de soleil avant de demander un seau d’eau chaude pour nous laver.


Mardi 11 janvier 2005

Nuit calme, pas trop de chants de coqs pour nous réveiller à 4h...que c’est bon ! On prend notre temps, on observe les femmes aux champs depuis notre terrasse. Enfin vers 14h, on se decide à profiter des villages alentours. Nous partons sur les sentiers, on traverse 3 villages (Akha) : peu de gens font attention à nous, chacun vaque à ses occupations (transport de l’eau, douche en plein air dans un ruisseau,...). On nous propose pourtant de venir fumer de l’opium : nous sommes dans une region productrice d’opium. Nous n’avons pas encore reussi à voir des champs, pourtant ils ne doivent pas être très loin mais bien cachés. Quelques femmes nous proposent des sacs en écharpes de leur fabrication. C’est un vrai plaisir de traverser ces villages. Nous passons la soirée à notre hôtel (de toute facon le village est à 8 kilometres !!)


Mercredi 12 janvier 2005

Il a bien plu cette nuit (Cela fait au moins un mois qu’on n’avait pas eu la pluie). Il fait froid, nous sommes dans le brouillard. Heureusement que le soleil apparaît vers 11h. Nous partons comme hier, à pied à travers rizières, forêts pour atteindre les villages. On profite de la beauté des paysages, du calme... Rien d’autres à faire sinon regarder les gens travailler aux champs, coudre, nourrir leurs animaux, regarder les gamins jouer avec rien... De retour dans notre bungalow, nous lisons et attendons le coucher de soleil. Vers 18h le groupe électrogène se met en route, nous aurons de l’électricité jusqu’a 21h environ. Nous allons chercher chacun un grand thermos d’eau chaude qui nous permettra de "tiédir' l’eau d’une bassine avant de se laver. Comme partout au Laos (sauf dans la capitale et 3 ou 4 villes), il n’y a pas d’électricité.


Jeudi 13 janvier 2005

Départ 7h avec le camion de l’hôtel pour le village. Nous partons au nord ouest du pays, à Xieng Kok en plein centre du Triangle d’Or. Le camion nous dépose à 7h30 au marche du village. Le prochain camion se rendant à Xieng Kok part à 9h30 : c’est parfait, cela nous laisse le temps de parcourir le marché. Nous chargeons nos gros sacs sur le toit et partons nous balader. Quelle animation ! Beaucoup de monde. On achète des beignets à la banane pour notre petit déjeuner. On profite du spectacle : beaucoup de femmes sont venues des villages alentours habillées de leur plus belle tenue traditionnelle. Finalement notre camion-bus est plein à 8h30 et nous partons : 14 assis derrière, 2 devant à côté du chauffeur, le toit chargé à bloc et à nos pieds des dizaines de cartons ! Ca ne va pas être du plus grand confort. Nous partons sur la piste ; on arrive encore à faire monter quelques personnes au passage. On traverse des villages d’ethnies que nous n’avions encore jamais vues. La route est sinueuse, au milieu de forets immenses, notre camion soulève des nuages de poussière rouge, comme sur beaucoup de pistes dans ce pays. Arrivée à Xieng Kok vers 12h. Le village est minuscule, sur les bords du Mékong. Nous trouvons l’unique guesthouse ouverte (les 2 ou 3 autres sont fermées apparemment). Nous partons à la recherche d’un "restaurant" : on en trouve un mais personne ne souhaite cuisiner apparemment ! Nous allons jusque sur le marché : on est déçu, c’est la fin, ils remballent... Ce n’est pas grave car il a lieu le 13 et 14 de chaque mois ; nous irons demain. Nous passons l’après midi à errer sur les bords du Mékong, à observer les chargements et déchargements de "navires". En soirée nous découvrons que nous ne sommes pas seuls dans notre hôtel, ni dans le village : un américain est là avec qui nous partagerons demain un "speed boat" pour aller à Huay Xay à la frontière thaïlandaise. Une fois la nuit tombée, nous voyons 5 ou 6 camions remonter du port : mais pourquoi ont ils attendu la nuit pour travailler ? sûrement pour charger de l’opium... Nous n’irons pas voir de plus près, de même que nous n’irons pas seuls nous balader dans ce coin, sûrement pas très sécurisé pour nous si on se montre un peu trop curieux !


Vendredi 14 janvier 2005

On se lève tôt pour aller sur le marché ; malheureusement il semblerait que 7h40 soit un peu trop tôt puisque peu de locaux sont présents. On retourne prendre un petit déjeuner à notre guesthouse (du sticky rice c’est à dire du riz collant se mangeant avec les doigts). De retour au marche vers 9h, il y a beaucoup plus d’animation : des camions de villageoises (surtout) sont arrivés : elles portent chacune un sac plein de légumes qu’elles troquent contre piles, pâtes de riz, tissus...On essaie de faire quelques photos mais c’est difficile : on est parfois partagé entre leur demander (elles ne veulent jamais) et les prendre en se cachant (mais qu’est ce que c’est mal poli... mettons nous à leur place). A 11h30, nous partons pour la frontière Thaïlandaise en speedboat : ces barques en bois où l’on rentre à 5 ou 6, qui sont équipées d’un énorme moteur : c’est le moyen le plus rapide de transport sur le Mékong : 210 000 kips chacun, c’est très cher ! mais on n’a pas le choix. C’est ça ou à nouveau 2 jours de bus ! Nous voila partis sur le Mékong : l’eau est boueuse, on frôle les rochers plantés au milieu, on "surfe" sur les tourbillons et les remous... ça va vite ! Soudain, notre pilote ralentit : panne d’essence !! quoi ?? il n’a pas de bidon supplémentaire ? on croit rêver.... heureusement que la panne arrive à un moment où la rivière est plutôt calme...mais on commence à se faire emporter par le courant... Pas très rassurant tout ça vu les gros rochers et les forts courants qu’on rencontre ! personne n’a l’air inquiet sauf nous 2. Après 20 minutes on entend un autre speedboat au loin : il nous dépanne. Ouf car on voyait un énorme navire arriver (et quand on en croise, notre bateau va s’abriter et s’arrête le long des berges pour éviter tout chavirement). Le bateau nous dépose à 60 kilomètres de la frontière ; de là on négocie un camion (50 000 kip pour 2) pour aller à Huay Xay : dernier trajet sur les pistes poussiéreuses du Laos. A Huay Xai on choisit une guesthouse : cette petite ville est envahie de touristes ; que c’est dur de retrouver tout ce monde !.


Pour résumer le pays, on retiendra cette phrase : les Thaïlandais plantent le riz, les Cambodgiens le récoltent, les Vietnamiens le transforment et les Laos l’écoutent pousser ! c’est exactement ça !!


La suite en Thailande !