Carnet de route : récits et photos

La Chine

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Pour bien décoder cette page : 1 Euro = 10 Yuans (et des poussières).

Et pour pouvoir suivre nos amis, voici leur itinéraire. Bonne lecture !


Vendredi 6 août 2004 :

Vers 20h nous atteignons la ville frontière de Mongolie : on obtient rapidement notre tampon de sortie. Une heure plus tard c’est le passage de la douane chinoise sans aucun problème. Ensuite c’est un balai d’allers et retour pour notre train : on arrive dans un immense hangar ou des dizaines d’ouvriers casqués avec un chapeau de paille nous attendent. C’est là qu’on change les roues de notre train : et oui, les rails chinois sont moins larges que ceux de Mongolie ! Tous les wagons sont sépares et soulevés un par un pour en changer les roues (nous restons dans le train pendant les manœuvres). A minuit et demi, nous repartons enfin, maintenant la ligne est électrifiée et on est beaucoup moins secoués.


Samedi 7 août 2004 :

Réveil vers 9h. Le train traverse des champs de mais et des vergers : rien à voir avec ces grandes plaines et collines mongoles d’herbe rase ! ici on sent qu’il y a du monde à nourrir et donc beaucoup de cultures ! On aperçoit des villes (maisons basses rectangulaires aux toits en tuiles provençales), des gens à vélo, à moto ... du monde partout ! quel contraste avec ce qu’on vient de quitter ! Le mongol qui partage notre compartiment est toujours aussi peu loquace : il a juste sorti 5 énormes saucissons de son sac pour les suspendre (peut être qu’il vend ça aux coréens). La canadienne nous explique son métier : elle écrit des articles sur les bateaux (elle est arrivée en Chine à bord d’un porte conteneurs depuis Los Angeles). Il fait chaud et humide (heureusement que le ventilateur fonctionne). On est dans la brume mais on aperçoit déjà la muraille de Chine. Arrivée à Pékin à 14h30. Notre train aura mis 31h30 pour venir de Ulan Bator (ici il y a une heure en moins). Quelle foule à la gare ! Il va falloir qu’on s’y habitue. On retire des yuans au premier distributeur et prenons le métro. Tout nous parait simple ici pour s’orienter ... rien à voir avec le métro russe écrit en cyrillique uniquement. La vendeuse de tickets est même souriante et aimable ! On sent que ce pays va nous plaire. On descend à la station de l’hôtel que nous a recommandé Sophie. On trouve tout de suite la rue mais il faut maintenant trouver le hutong (c est à dire la petite ruelle) ou se trouve l’hôtel. On demande à une première personne qui spontanément sort son téléphone portable pour appeler l’hôtel, la deuxième également. On est agréablement surpris par ces chinois ! On obtient 2 lits en dortoir pour 35 yuans chacun (soit 3,5 euros) mais séparés ; filles et garçons sont séparés ici. On part explorer le quartier : la chaleur nous écrase, on ne voit pas le ciel tellement une brume épaisse et stagnante est présente. On se réfugie dans le premier restaurant : 2 serveuses pour prendre notre commande mais on ne comprend rien au menu. Finalement on fait comme d’habitude : on montre ce qui nous plait sur les autres tables. Tout de suite notre voisin de table se précipite pour nous aider, il parle un peu anglais. On commande du canard laque (à manger avec concombre et branches de ciboulette roule dans une fine galette, un plat de brocolis cuits à la vapeur et 2 bols de riz blanc. On se retrouve en plus avec un énorme saladier de soupe de canard et soja qu’on n’a jamais commandé ... tant pis. c’est délicieux ! ça nous change du mouton bouilli ... On va refaire le plein de vitamines ici. 52 yuans pour nous deux, c’est sûrement un repas de luxe ! Et la serveuse qui épluche le guide Lonely Planet pour y trouver quelques mots en anglais à nous traduire en chinois. Pour l’instant Pékin nous plait ! et on va finir par s’habituer à tous ces gens qui crachent...


Dimanche 8 août 2004 :

Nous nous levons vers 6h30 : il faut tout de suite prendre le rythme du pays ! A 8h nous sommes devant l’entrée de la Cité Interdite : énormément de touristes sont déjà là, c’est fou ! Tous chinois, peu d’occidentaux. Ils sont là par groupes entiers.On ne se plaint pas car on ne fait pas la queue pour acheter les tickets (20 yuans tarif étudiant au lieu de 60). Il fait déjà très chaud. Pas un seul rayon de soleil ne perce mais la chaleur est écrasante. La Cite est une succession de cours, bâtiments, temples, entourés par des douves de 52m de large, des jardins intérieurs magnifiques. Puis retour à l’hôtel en bus. Finalement les déplacements en bus et métro nous paraissent assez simples : on s’attendait à plus compliqué. On part ensuite dans le quartier commerçant de Wanfujing : c’est une succession de magasins, cafés, restaurants, tous plus modernes que chez nous, avec en plus des malls énormes à l’image de ceux qu’on trouve aux USA. Bref la société de consommation bat son plein ici et cela contraste bien avec les hutongs du quartier de notre hôtel où les gens vivent pratiquement sur le trottoir. On a l’impression qu’il y a deux mondes différents l’un à cote de l’autre mais qui ne se croisent jamais. Déjeuner dans un fast food chinois : lait de soja pour accompagner le repas. Notre voisine de table essaie tant bien que mal d’expliquer à Yann comment tenir ses baguettes...finalement elle demande à la serveuse d’apporter une cueillere. On est dimanche mais tous les magasins sont ouverts et plein de clients. Direction ensuite le Silk Market : le royaume de la contrefaçon (Louis Vuitton, Lacoste, Burberrys,...) à des prix défiants toute concurrence. Pour nous ce sera 2 polaires plus gore-tex North Face pour 460 yuans.


Lundi 9 août 2004 :

Lever à 6h30, on a rendez-vous à 7h30 pour partir en bus à la muraille de Chine. Juste le temps de faire quelques provisions de fruits sur le marché et on part pour Jangling. Apres 4h30 de route fatigante, on y arrive : embouteillage pour sortir de la ville, travaux et partout beaucoup de monde. Le bus nous dépose à 12h30, il nous récupèrera à 17h à Simatai : le temps pour nous de parcourir les 10 kilomètres à pied sur la muraille. La chaleur est étouffante, on boit beaucoup d’eau mais qu’est ce que c’est beau ! On quitte rapidement la partie rénovée pour se retrouver sur une muraille plus escarpée, plus difficile à parcourir, ou on pose chaque pied avec attention. Trente tours de guet à traverser, la vue est très bouchée par la brume. Tout le long du parcours des villageois sont là pour nous vendre de l’eau, des cartes postales. Pas un seul touriste chinois (ils ne doivent pas trop aimer marcher). Nous on en profite mais c’est vrai que la chaleur est difficile à supporter. On parcourt les dix kilomètres d’escaliers montant ou descendant en trois heures ; contents d’arriver enfin sur le site de Simatai. Le retour en bus à Pékin nous parait long : surtout avec ce chauffeur qui double sans visibilité (et il pleut).


Mardi 10 août 2004 :

On décide de partir pour un autre hôtel de la ville qu’on nous a conseillé. Finalement même si la cour intérieure est magnifique, on n’y restera qu’une seule nuit : on a du mal à supporter tous ces occidentaux qui enchaînent bières sur bières dans la cour. On repartira demain dans notre hôtel plus local et beaucoup moins cher. On passe la matinée chez British Airways pour modifier la date de notre billet Hong-Kong Delhi, on passe à la gare pour acheter un billet pour Pingyao (il n y a plus de couchettes, on passera donc 12 heures de nuit assis). Départ vendredi 13 à 19h43 ; nos deux tickets nous coûtent 130 yuans. On part ensuite à la recherche de l’Ambassade d’Inde pour faire notre demande de visa : impossible de la trouver ! l’après-midi nous visitons le Temple du Ciel : il fait très chaud, il y a trop de monde. Retour à l’hôtel en passant par les petites ruelles du quartier et dîner dans un restaurant de grillades de bœuf.


Mercredi 11 août 2004 :

On repart dans notre ancien hôtel puis prenons un taxi pour aller à l’Ambassade d’Inde. Là on nous annonce qu’il faut une semaine pour faire un visa : ce n’est pas possible car on part dans 2 jours, on essaiera à Hong Kong. On reprend le métro direction la Drum Tower et Bell Tower. Il pleut des cordes. On s’arrête déjeuner dans un boui-boui bruyant local. On assiste ensuite au spectacle de percussions des tambours pour marquer l’heure dans la tour (Drum Tower). Balade dans les hutongs aux alentours. Puis on part à la découverte du quartier des antiquaires dans la rue Liulichang ; on y achète 2 peintures et partons à la recherche d’un encadreur. Finalement c’est le fils d’un encadreur qui fera le travail pendant que nous buvons de l’eau chaude en attendant dans le salon-chambre-salle à manger. Cela lui prend environ une heure et il est fier de nous montrer le résultat (parfait).


Jeudi 12 août 2004 :

Temps mitigé ce matin et plus frais. On essaie en vain de fixer un rendez-vous à Thierry, le cousin de Yann qui est en vacances à Pékin. Malgré la pluie, on décide de partir en métro et taxi au Palais d’Eté. c’est magnifique mais il pleut trop. On rentre en début d’après midi dans la capitale. Nous repassons au Silk Market pour encore quelques achats : la négociation est trop facile, nous sommes déçus ; ils annoncent un prix qu’on divise par 5 ou 6 et dont on ne décolle pas...et ça marche ! Si on fait mine de partir, ils nous rattrapent en disant ok : c’est beaucoup plus facile qu’en Afrique du Nord.


Vendredi 13 Août 2004 :

Ce matin on voit enfin du ciel bleu !! Direction La Poste pour envoyer un colis (tableaux achetés, polaire, gore-tex, chaussures,…nos achats de Chine) : 6 kilos, service très professionnel. En raison du prix de l’envoi par avion (60 $), nous préférons l’envoi par voie terrestre (20$). Le colis devrait arriver dans trois mois. L’après midi, Yann se rend chez le coiffeur (Aude tente une épilation mais les chinoises apparemment ne s’épilent pas…) : shampooing, massage du cuir chevelu, du cou, des bras, des mains pendant vingt bonnes minutes par une femme chinoise. Puis c’est au tour de l’homme chinois de couper les cheveux : il est un peu surpris par la demande d’une coupe si rase (2 mm) ! Il s’applique. Tout ce service pour 28 Yuans. Le soir direction la gare, nous prenons le train pour Pingyao, durée 12 heures de nuit. Nous n’avons pas réussi à avoir de couchettes. On sera assis pendant 12 heures. Nous sommes sur une banquette de trois avec une chinoise et son fils. Beaucoup de bruit, de musique, les serveuses qui passent avec leur chariot, les enfants qui crient et on est serré à 4 sur notre banquette : on sent que la nuit va être longue! La voisine d’Aude n’arrête pas de remuer et prend beaucoup de place avec son fils, Yann se prend les allers et venues dans le couloir. La nuit est difficile : le train s’arête très souvent, les montées de nouveaux voyageurs font beaucoup de bruit : empilage de sacs, de cartons, des gens sans numéro de place assise qui reste au milieu du couloir bloquant les autres,…tout ça dans un boucan incessant et cette lumière qui ne s’éteint jamais. Bref difficile de dormir assis sans accoudoir dans ces conditions.


Samedi 14 août 2004 :

Nous arrivons à Pingyao sous un temps pluvieux à 7h15. On se fait déposer à notre hôtel par un tuktuk. La vile est entourée de remparts. Les rues principales sont bordées de magasins vendant des pseudo-antiquites, friandises, gadgets,…pour 99% de touristes chinois en famille ou en groupe ! Dès qu’on s’éloigne de la rue principale, il n’y a plus un touriste. On s’amuse à regarder les touristes chinois : en groupe, avec un guide parlant dans un haut-parleur, ne se déplaçant pas à pied mais seulement mini-bus électrique. On se balade dans le dédale de ruelles. Soirée dans notre chambre : le lit doit faire au moins cinq ou six mètres carres : c’est une grande surface plane en ciment couverte d’un matelas fin, la table basse en bois et la bouilloire pour le thé sont posés dessus.


Dimanche 15 août 2004 :

Journée de balade dans la ville en évitant les rues principales pleines de touristes : c’est magnifique. Pingyao est inscrite au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Vers 15h on va chercher les billets de train qu’on a réservés pour Xian. Yann se fait accoster par une chinoise de 14 ans qui lui demande s’il est ok pour qu’elle pratique son anglais avec lui ; elle restera une heure à discuter dans le bar. On est environ 30 occidentaux à être passés par cet hôtel pour obtenir un billet de train en couchette : en fait tous les billets sont achetés en avance par des agences ou hôtels qui les revendent ensuite aux touristes avec une commission de 40 à 80 Yuans. c’est un vrai business! De toute façon on n’a pas trop le choix sinon de voyager en place assise : on a décidé de ne plus le refaire pour les trains de nuit, trop dur. On prend possession de notre couchette : on est 6 par 6 sans compartiment. Juste à cote des toilettes, on sent déjà les odeurs…Repas de nouilles chinoises grâce à l’eau chaude fournie dans le train.


Lundi 16 août 2004 :

On est réveillés par les chinois qui crachent…dur. On arrive à Xian à 9 heures ; on se renseigne tout de suite pour acheter un billet pour Chengdu, notre prochaine étape. Bien sur pas de places en couchettes disponibles…mais deux personnes sont prêtes à nous vendre des tickets avec 80 Yuans de commission. On part poser nos sacs au Chengde Hôtel (90 Yuans pour une chambre double). Direction ensuite l’Armée Enterrée, principale attraction de la région : on a un peu de mal à trouver le bus public qui y mène car on est harcelé par tous ceux qui ont des bus privés quatre fois plus cher. Visite du site en trois heures : c’est impressionnant ! Ce qui nous impressionne encore plus et nous laisse perplexe, ce sont ces énormes bâtiments modernes qui paraissent démesurés. Retour à Xian et déjeuner dans un self-service pour 30 Yuans à 2. Nous partons en direction de la Bell Tower. La ville est plus grande et plus moderne que ce qu’on imagine pour une ville de province (il y a tout de même 6 millions d’habitants !). On se balade dans le quartier musulman et visitons la Mosquée de style chinois. c’est assez déroutant de voir les chinois habillés en arabe et des femmes aux yeux bridés voilées. On n’a pas l’habitude. La Mosquée est un havre de paix, on y passe un peu de temps ; puis balade sur l’esplanade de la Drum Tower ou tous les enfants font voler leur cerf-volant en cette fin de journée ensoleillée.


Mardi 17 août 2004 :

On prend notre temps avant notre train pour Chengdu à 16h. Il y a un monde fou dans la salle d’attente : tous les trains sont pleins en cette période de vacances. On prend possession de notre couchette. On aperçoit des français et un couple d’espagnols dans un autre wagon qui étaient déjà avec nous dans le train précédent. Notre voisin de couchette n’est pas très aimable : on lui demande d’aller fumer ces cigarettes ailleurs (wagon en théorie non fumeur mais les chinois ont un peu de mal à se priver du tabac). Sa femme, qui a l’air beaucoup plus sympa, lui masse les pieds et les jambes le soir. Un professeur d’anglais vient faire la conversation avec Yann : il lui demande si son anglais serait compréhensible dans un pays anglophone (dans lesquels il n’a jamais mis les pieds). Nous profitons des paysages magnifiques (rizières, montagnes, vallées très profondes,…).


Mercredi 18 août 2004 :

Notre train arrive à Chengdu à 9h comme prévu : on n’a pas l’intention de visiter la ville, on veut juste se rendre à la “campagne” pour un peu de calme. On prend un taxi pour la gare routière ; de là, on trouve facilement un bus pour Emei-Shan (2h, 33 Yuans par personne). Une employée de la gare routière vient spontanément nous demander si on a besoin d’aide, tout ça dans un très bon anglais. Une fois à Emei, on se rend à l’hôtel Teddy Bear : 60 Yuans pour 2 après qu’ils aient en vain essayer de nous loger en chambre double climatisée pour 240 puis 120 : ici tout est négociable ! On se prépare pour l’ascension du Mont Emei demain. Balade en fin de journée jusqu’au temple Baogou.


Jeudi 19 août 2004 :

Réveil à 6h30 pour prendre le premier bus de 7h30 en direction de Wangnian Cable car station, point de départ de notre randonnée. A 7h15 le bus est plein et part : nous sommes avec un groupe de touristes chinois. Nous commençons notre marche à 7h50 sous un ciel gris. C’est le début des marches ... 1,2,3 ... très vite nous adoptons un rythme régulier. On croise quelques touristes chinois mais aussi des porteurs dont la charge est parfis impressionnante. Arrêt au Wangnian Temple : que de monde ! des chinois prenant des photos, allumant des cierges (ils ont tous pris la télécabine pour monter !). Nous reprenons notre marche sur les escaliers : nous sommes au milieu d’une forêt dense, des papillons en nombre et de temps en temps des singes à la recherche de nourriture. Et toujours ces marches : moins régulières qu’au début et parfois glissantes. Une partie du chemin s’effectue avec un groupe de 5 chinois : un homme, une fille et 3 femmes d’un certain âge : quel courage ! A 17h nous arrivons au monastère de Taiziping, terme de notre première journée de marche. Nous demandons aux moines s’il est possible de dormir : ils nous envoient à l’échoppe d’à côté : tout de suite la gérante comprend ce qu’on veut : on dort dans le grenier pour 40 yuans. Dîner de nouilles chinoises, nous sommes au lit à 20h30, fatigués par notre journée : nous sommes passés de 850m à 2889m aujourd’hui.


Vendredi 20 août 2004 :

Réveil à 4h45. Nous partons à 5h15 avec les lampes frontales : il fait nuit, nous sommes dans le brouillard. Que c’est sympa de se retrouver tous les 2 seuls en pleine nuit. Rapidement la pluie fait son apparition : heureusement nous avons nos ponchos. 6h10, nous sommes au sommet à 3071m : pluie, brouillard, vent , on ne voit pas à 10m !! On ne risque pas d’assister au lever du soleil au dessus des nuages comme stipule dans la plaquette ! Petit thé pour se réchauffer et nous décidons de redescendre en télécabine pour terminer notre balade. Nous prenons le bus au niveau du temple Xixiangchi à 8h10. Nous sommes de retour à 9h30 au Teddy Bear hôtel à Emei shan. Rangement, douche, internet. Déjeuner frugal le midi. Nous passons l’après midi tranquille à se balader dans le village.


Samedi 21 août 2004 :

Taxi à 7h15 pour la gare routière. Nous prenons un bus en direction de Ya'an. A 11h20, nous sommes arrivés. On enchaîne tout de suite par un bus pour Kangding, le voyage ne devrait durer que deux heures d’après nos informations. Le paysage passe rapidement de la plaine aux vallées très profondes, la route devient sinueuse et la vitesse très lente. Comme tous les chauffeurs de bus, le notre utilise le klaxon 80% du temps. La route est en travaux : construction de ponts, de tunnels, renforcement de la montagne qui s’écroule et de nombreux barrages sur la rivière à fort débit. A 14h, nous roulons toujours : dur dur, nous n'avons rien prévu pour le déjeuner et le chauffeur ne s’arrête pas ! On arrive enfin à 17h30. La ville de Kangding est coincée entre 2 montagnes ; pour nous ce n’est qu’une étape avant d’atteindre Litang à la frontière du Tibet. Il pleut, nous dînons dans un restaurant qui propose de la fondue chinoise à volonté pour 23 Yuans par personne. Finalement, on préfère avoir nos aliments déjà cuisinés que devoir le faire soi-même !.


Dimanche 22 août 2004 :

Nous prenons le bus à 7h pour Litang. On enchaîne les virages pour monter puis descendre puis remonter. On passe de 3000 à 4700 mètres d’altitude sans arrêt. Les paysages sont magnifiques. On aperçoit les premières maisons tibétaines : énormes maisons de pierres carrées avec le rez-de-chaussée réservé aux bêtes, le premier étage à l’habitation et un toit plat. En bas des descentes, notre bus s’arrête pour refroidir les plaquettes de frein à l’eau : ça fume !. Puis au milieu d’une montée, c’est dans le bus, au niveau du moteur, que ça fume : ça devient inquiétant...vite le chauffeur va remplir des seaux d’eau dans la rivière pour arroser le radiateur. Il remet de l’eau en guise de liquide de refroidissement et nous voila reparti à un rythme encore plus lent pour la montée. Ca ne l’empêche pas de continuer à doubler les camions sans visibilité !. On a dû passer 3 ou 4 sommets à 4700 mètres dans la journée, on est secoué dans tous les sens par la conduite du chauffeur et le mauvais état de la route. On achève les 211 kilomètres en 8 heures !!! Pas mécontents d’être arrivés, on sent dans l’auberge recommandée par le Lonely Planet : 20 yuans par personne. Ici plus question de saluer avec le "nihao" chinois, il faut dire "tachi delek", le bonjour tibétain. On profite des rayons de soleil pour parcourir la ville à pied ; les habitants sont complètement différents des chinois rencontrés jusqu’a maintenant. Tibétains aux visages burinés par le soleil et marqués par l’altitude, hommes aux cheveux longs noirs avec parfois une vieille paire de lunettes de soleil sur le nez, montant fièrement leur motos elle-même très décorée. Un sacré changement! Nous sommes interpelés deux fois : un local qui veut nous poser quelques questions, puis un autre, assis dans un salon de coiffure, attendant que sa coloration prenne sur ses longs cheveux noirs. On discute tant bien que mal s’aidant du Lonely Planet et de ses quelques phrases en tibétain. On dîne dans un restaurant local.


Lundi 23 août 2004 :

Il a plu une bonne partie de la nuit. On part au Qudenggabu, ce lieu de prière tibétain. Il a beaucoup de monde qui prit, c’est-à-dire qui tourne autour du monument principal dans le sens des aiguilles d’une montre en s’efforçant de faire tourner chaque moulin à prière. On reste à les regarder et on en profite pour faire quelques photos : ils sont tous en habits tibétains. Balade dans les rues de la ville à un rythme très lent : en effet, on est à 3900 mètres d’altitude et chaque pas un peu plus rapide qu’un autre constitue un effort pour le cœur qui se met à palpiter! On part ensuite à la recherche du monastère de la ville sur les hauteurs. En chemin, on se fait alpaguer par une mère et sa fille tibétaine qui nous invitent apparemment à venir boire le thé chez elles. On est ravi : depuis hier on voit ces grandes maisons tibétaines en se demandant comment elles sont aménagées à l’intérieur...et là on y entre : le rez-de-chaussée est reservé au stockage et aux bêtes. De là, on monte au premier étage : tout est en bois (sol, plafond, murs). On s’assoit dans la pièce qui sert de cuisine : deux lits et des ustensiles, un poêle pour chauffer l’eau. La mère a 6 enfants (le dernier doit avoir un mois ; elle nous montre son livret de famille et nous explique qu’elle vient de le faire inscrire). Sa première fille est là, elle a déjà un fils de 2 ans. Seule la fille de 8 ou 9 ans sait parler, lire et écrire le chinois. La mère nous montre la pièce des prières : des photos du Dalai Lama, des lumières,...on sent que c’est une pièce très importante dans la maison. La fille montre le salon de la maison à Aude : une immense pièce magnifiquement sculptée et décorée d’objets en bronze. Une télé et surprise un lecteur DVD! Ils veulent qu’on mange et qu’on dorme chez eux : on ne peut pas car toutes nos affaires sont encore à l’hôtel et demain nous partons à 6 heures. Ils ont l’air très déçus. On entame la séance photos. Ils sont amusés de se voir sur l’écran de l’appareil photo numérique. On part ensuite au monastère de la ville accompagné par le fils de 4 ans à la demande de sa mère. Il y a de l’orage, il pleut, on se contente d’une vue de loin.


Mardi 24 août 2004 :

Lever 5h30. On essaie en vain de trouver un bus pour Xiancheng. On se rabat sur un mini-bus privé qu’on négocie avec 3 canadiens et 2 tchèques. La route est bonne, toujours aussi sinueuse, les paysages de montagne sont magnifiques. On arrive vers 13h, on dépose nos sacs à l’hôtel. Déjeuner dans un restaurant local où on commande du bœuf : surprise, il nous apporte des tranches de corned beef !! On lui fait tout de suite comprendre qu’il est hors de question qu’on mange ça ! Il revient 5 minutes plus tard avec un morceau de bœuf qu’il est allé acheter et nous explique qu’il va le cuisiner! Très bien... On part ensuite visiter le monastère qui se trouve sur les hauteurs : il est magnifique, il n’y a personne, juste un moine pour nous accompagner dans la visite des trois étages et du dédale de salles. Le monastère vient d’être repeint. Le moine nous montre les salles dans lesquelles ils vivent : on dirait des musées. On a du mal à redescendre dans la ville tellement on se sent bien ici : la vue sur la vallée est magnifique. C’est marrant de voir qu’a 200 kilomètres de Litang, notre dernière étape, il y a moins de tibétains et plus de chinois. Le soir nous profitons du spectacle : chants et danses traditionnels sur la place principale. Avant cela on s’est rendu à la gare routière pour acheter nos billets de bus pour demain matin : guichet fermé mais à force de demander on a fini par nous montrer où habite le guichetier. Il n’avait pas l’air très surpris de devoir se rendre à son bureau pour nous vendre 2 billets.


Mercredi 25 août 2004 :

Départ de Xiancheng en bus à 7h ; nous sommes 16 dont 5 chinois qui fument : dur dur mais ici c’est normal. Ce n’est pas de la route mais de la piste pour aller à Zhongdian, parfois très très étroite. Heureusement qu’on ne croise personne pendant les 4 premières heures. La route est splendide, sinueuse, au milieu de sommets immenses : on est secoué ! On arrive à 15h et on pose nos affaires au Tibet Hôtel. On est trop fatigué par notre trajet en bus pour entreprendre quoique ce soit cet après-midi.


Jeudi 26 août 2004 :

Nous partons au monastère Ganden Sumtseling Gampa situé au nord de la ville (bus numéro 3, 1 Yuan). On retrouve les cars de touristes chinois ! Les 3 bâtiments nous semblent très sobres, peu utilisés. Pourtant il doit y avoir 600 moines ici. On se fait interpeller par un jeune moine qui nous demande de le suivre. Il nous emmène dans sa maison pour nous montrer la salle des prières et nous propose de prendre des photos (on dit non), puis le seul mot qu’il nous dit c’est "money" ! On refuse bien sur de lui donner de l’argent et on s’en va. On se promène à travers les ruelles et rencontrons un vieux très sympa entrain de monter jusqu’au lieu de prières en chantant. On a vue sur la vallée et les montagnes en face : c’est calme et splendide. On passe l’après-midi à se renseigner sur les moyens pour aller à Lhasa : ce passage dans l’ouest du Sichuan nous a donne envie de pousser jusqu’au Tibet. La soirée se passe à discuter avec les 3 canadiens de notre hôtel.


Vendredi 27 août 2004 :

Nous prenons le bus à 7h50 pour Baishuitai (4 heures, 22 yuans). La route est terrible ! Une très mauvaise piste pleine de boue ! Impossible de se reposer. On traverse des paysages de montagnes splendides. A Baishuitai le chauffeur s’arrête, tout le monde se retourne vers nous : on comprend qu’on doit être arrivés... Nous sommes les seuls à descendre. On se dirige vers le premier resto-hotel : ils nous proposent la chambre pour 20 yuans, ok. On déjeune. Seul un minivan avec 5 ou 6 touristes chinois est là. On part ensuite pour visiter la seule attraction du village : un plateau calcaire en forme de petites piscines naturelles qui surplombent la vallée. Nous sommes les seuls touristes : enfin ! On profite de ce lieu calme et magnifique avant de redescendre. On part ensuite se promener à travers les champs en terrasses. Nous sommes seuls, on croise juste quelques villageois dans leurs champs. On pense rejoindre le début des gorges dans lesquelles on doit marcher à partir de demain : impossible de trouver le chemin. Finalement la promenade durera jusqu’en début de soirée : on se perd un peu mais qu’est ce qu’on est bien au milieu de ces montagnes ! De retour dans notre hôtel (Sacred Water Family Hostel) on essaye tant bien que mal de se faire expliquer où est le début de notre randonnée : bref, a priori, il n’y a pas de chemin. Seule la route rejoint les gorges du tigre dans lesquelles on veut marcher ... on se rabat sur un minibus qui nous conduira au début de notre marche.


Samedi 28 août 2004 :

Départ en minibus à 7h15. A 9h nous avons parcouru 60km et nous sommes au début des Gorges du Tigre. Le chauffeur nous dépose et nous dit de commencer à marcher ! Nous sommes sur une route en mauvais état, coincés entre la rivière déchaînée en contre-bas et la falaise au dessus de notre tête ! Nous voila partis pour 2 jours de marche dans les gorges. Apres 1 heure de marche, on fait une pause petit déjeuner dans l’une des 6 ou 7 guesthouses qui sont dans les gorges (Château de Woody). Une délicieuse crêpe sur la terrasse, face à la montagne dans les nuages, avec en bruit de fond les rapides de la rivière. On attaque ensuite la montée : c’est glissant (il pleut depuis plusieurs jours). On suit le sentier étroit qui monte de 1900 m à 2400m. Pause déjeuner dans la Guesthouse Five Fingers Mountain : on y reste 2 bonnes heures car il pleut et la famille est très sympa. La grand mère rigole sans arrêt et fume la pipe ! On repart pour s’arrêter vers 19h à la Tea Horse Guesthouse tenue par 2 femmes très accueillantes : là aussi nous sommes les 2 seuls clients. Pendant la journée on a croisé 10 touristes et quelques locaux qui habitent dans les gorges. Soirée calme.


Dimanche 29 août 2004 :

Il pleut ! On décide de commencer à marcher vers 11h. Il nous reste 4 h de marche pour finir la randonnée : le sentier glisse et est parfois très étroit. On avance lentement. Arrivée à 15h30 à Qiaotou, village du début des gorges. Déjeuner rapide. On part ensuite sur la route pour tenter d’arrêter un bus pour Lijiang, ville à 2h30 de route. Finalement, c’est une femme avec un 4*4 tout moderne qui s’arrête et propose de nous emmener pour 20 yuans chacun : ok. On pensait arriver plus vite qu’en bus, mais elle roule très lentement, au milieu de la route ... une catastrophe. A Lijiang elle veut nous déposer des que possible mais on lui demande de nous emmener dans la vieille ville près d’un musée. Finalement on fera 2 aller-retours d’un bout à l’autre de la ville ! Elle ne comprend pas ce qu’on veut ! Nous on ne comprend pas ce qu’elle fait ! Apres une heure perdue à tourner, elle nous dépose à l’entrée de la vieille ville mais nous réclame 70 yuans au lieu des 40 annoncés ! On lui dit gentiment que depuis le début on lui montre le nom de la vieille ville en chinois et que c’est elle qui n’a rien compris. Bref ! Elle s’énerve, nous aussi ! Finalement Yann va demander de la monnaie dans un magasin car elle refuse de nous rendre 10 sur le billet de 50 yuans qu’on veut lui donner ! Premier accrochage avec un chinois ... On trouve la Dongba Guesthouse où on négocie 2 nuits en chambre double pour 100 yuans. Courte balade dans la ville piétonne de nuit.


Lundi 30 août 2004 :

On parcourt la ville : Lijiang, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. On ne peut pas dire qu’on aime vraiment. Ok, toutes les maisons sont magnifiques, aux toits chinois typiques, bordées de petits canaux ou les poissons rouges sont nombreux mais tout est fait pour les touristes : magasins de thé, fringues hippies, souvenirs, restos bordant les rues ... rien d’autre. Il faut s’éloigner pour trouver les habitants et leurs maisons. Sur le marché, au milieu des poules, il y a aussi des chiens en cage à vendre; il y en a aussi un déjà cuit prêt à manger ! C’est le premier qu’on voit. Le soir, en se promenant au milieu de ces restos à lanternes rouges, on retrouve par hasard les 2 canadiens rencontres dans le Sichuan plus au nord avec Alain (avec qui on avait passé 2 semaines en Mongolie). Heureuses retrouvailles ! Ils ont fait la rando dans les gorges ensemble dans le sens inverse du notre. On dîne ensemble avant de se promener de nuit dans les ruelles où on se perd. On reverra peut être Alain en Indonésie et Johann au Népal.


Mardi 31 août 2004 :

9h30 nous prenons un bus de Lijiang à Zhongdian (5 heures, 35 yuans) ou nous étions déjà il y a 5 jours. On retrouve toutes nos affaires au Tibet Hôtel (nous étions partis avec le minimum d’affaires). On s’occupe de l’achat de notre billet d’avion pour le Tibet (départ vendredi 3 septembre, 2500 yuans par personne pour l’aller simple et le permis). Aude va ensuite chez le coiffeur tentant de lui expliquer ce qu’elle veut : elle est l’attraction du salon ! 15 yuans la coupe, ça va. Nous passons une soirée calme à lire les guides pour le Tibet et le Népal.


Mercredi 1er et Jeudi 2 septembre 2004 :

Nous passons 2 journées calmes dans Zongdian à ne rien faire … juste prendre le temps de taper notre carnet de route, de lire nos mails, de discuter avec d’autres voyageurs de notre hôtel. Malgré tout, les journées passent vite. On a déjà nos habitudes, notamment le petit restaurant dans la rue de l’hôtel qui nous sert de cantine midi et soir.


La suite par ici, au Tibet !